Book of Vile Darkness

bovdAvertissement : en tant que rôliste, je n’ai jamais été fasciné par le mal. Même quand nous jouions à Stormbringer au lycée, je n’ai jamais eu tellement envie de violer des vierges et dépecer leurs petits frères. Tout au plus ai-je flirté avec le côté obscur en jouant un voleur chaotique neutre à AD&D, et encore… il a rapidement fini par devenir chaotique bon – et se biclasser prêtre, c’est dire. Et en tant que meneur de jeu, c’est pareil : j’ai toujours préféré mener des campagnes avec des personnages « gentils », à D&D ou tout autre jeu. De fait, les ouvrages incitant les joueurs à incarner des personnages malfaisants ne m’ont jamais tellement attiré (à l’exception notable du tout premier Player’s Guide to the Sabbat pour Vampire). Je trouve finalement assez peu intéressant de céder à ses bas instincts, et nettement moins gratifiant que d’essayer de les surmonter. Derrière le côté « mature » de ce genre de personnages se cache souvent une certaine puérilité du joueur. Voilà, c’est dit.

Or donc, le Book of Vile Darkness, deuxième du nom. La première version pour D&D3 avait marqué les esprits par un ton résolument adulte, et un texte qui parvenait à provoquer un certain malaise sans tomber pour autant dans le sordide. Monte Cook y explorait les aspects les plus sombres de la fantasy, ceux qui font fantasmer de nombreux joueurs mais qui sont rarement abordés dans les guides officiels : les drogues, la torture, les sacrifices rituels, les possessions démoniaques, et toutes les perversions auxquelles un personnage peut s’adonner dans sa quête de gloire et de puissance. C’était un ouvrage très réussi, mais plutôt borderline dans la gamme D&D3. Alors évidemment, ressortir un livre sur le même thème pour D&D4, dont on sait que la politique éditoriale est encore plus serrée que son prédécesseur, peut surprendre. Voire faire sourire. Après tout, D&D4 semble viser un public bien plus jeune que la 3e édition, et ce genre de guide pourrait passer pour du racolage. Mais il n’en est rien.

J’ai passé un très agréable moment à lire ce guide. D’ailleurs, je l’ai quasiment lu d’une traite, ce qui est particulièrement rare. Il faut dire que depuis la 3e édition, ce titre a perdu du poids, et on y trouve certainement moins de matière que dans la première version. Exit les sujets les plus tendancieux, l’auteur (Robert Schwalb) va à l’essentiel et se concentre sur la création et la gestion de personnages-joueurs maléfiques et d’aventures qui leur conviennent. L’objectif de l’ouvrage est clair : cadrer les choses. Comment créer une unité dans le groupe, comment mener une campagne avec des personnages malfaisants sans que cela parte en vrille au premier scénario, comment donner une atmosphère ténébreuse aux rencontres sans pour autant tomber dans le malsain… bref comment goûter aux plaisirs du mal sans passer pour autant pour des satanistes. Ici, le « mal » est plus un vernis un peu sombre apposé sur des campagnes somme toute classique. Même les illustrations semblent montrer qu’il y a une différence entre les héros maléfiques (qui sont méchants mais pas trop) et les vrais méchants (qui sont mauvais jusqu’à la moelle). On est loin de Kult. Ou de Dark Reflections Spectre. Et c’est pas plus mal, parce qu’il existe suffisamment de jeux de ce genre sans contaminer D&D4.

Loin d’être indispensable pour un meneur ne désirant pas modifier l’ambiance de sa campagne, ce Book of Vile Darkness pourra tout de même convenir à un MD souhaitant mettre en place une campagne un peu plus sombre que d’habitude, sans pour autant transformer radicalement le jeu.

J’aime bien :

  • Le ton didactique du livre et les nombreux conseils
  • Les nombreuses pistes de campagnes proposées
  • La volonté de ne pas tomber dans le scabreux

J’aime moins :

  • Les illustrations, plutôt banales
  • Le scénario, bâclé

Ma note perso : 3,5/5

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