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    Ruizard
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    Salutations gardiens!

    J’ai décidé de créé un petit topic pour partager mes créations, écrits… tout ça! De votre part j’attends critiques et insultes 😉

    Et pour bien commencer je vous propose une petite nouvelle écrite pour un potentiel concours, n’hésitez pas à commenter et à crier lorsque vous voyez une faute d’orthographe !

    La Dernière Course

    « Bonjour, Place de Jaude je vous prie. »

    Il n’était pas là pour répondre. Le GPS réglé, les mains bien placées, il démarra le taxi. La protection de cuir du volant glissait sous ses doigts fatigués d’une journée bien remplie. La lumière de ses phares vint s’ajouter aux vives lumières de la ville, essayant tant bien que mal de palier à celles paresseuses du soleil couchant. Sa dernière course du jour, il jeta un œil au pare-brise. Son client était tout ce qu’il y avait de plus banal : un homme en costard, les cheveux courts et le teint propre. Rien ne le distinguait dans ses traits et il rentrait dans la liste des clients que le chauffeur aimait appeler les « sans anecdotes ». Son discours sonnait faux et sa bouche s’agitait à l’arrière de la voiture. Comme tous les gens sans vie, il parlait de son boulot. Assurance vie, santé, de l’appris par cœur qui connotait avec le personnage (qui en avait besoin pour croire posséder quelque chose).

    La course continuait, les rues et bâtiments défilaient, certains rappelant des souvenirs, d’autres animant la curiosité. Le chauffeur les connaissait presque tous et ses histoires étaient nombreuses. C’est machinalement qu’il en raconta quelques-unes, en accordance avec l’assureur. Parler lui permettait d’oublier, se soulager de la vie des autres pour s’identifier parmi la masse. Mais la routine, elle, ne le quittait pas. Son temps se résumait assez vite par des journées insipides ponctuées de rares intrusions originales dans son espace vital : son taxi. Pourtant sa jeunesse avait été autrement prometteuse, ses projets étaient nombreux et on le voyait encore comme quelqu’un d’intelligent. A ses débuts, il s’était figuré être Hermès, messager des anciens dieux, transportant des personnages importants à travers la ville et tissant ainsi le destin tortueux du monde. Mais la triste réalité le rattrapa bien vite : s’il avait voulu un jour changer le monde, c’était sans échecs qu’il avait pourtant abandonné. Son deuxième âge l’avait vu se couler dans les responsabilités et depuis il ne s’était plus transformé en conscience, comme en actes.

    « Merci, bonne journée »

    Tout avait été fait, le taxi était garé, la note : réglée. Il ne s’en était pas rendu compte, mais cela ne l’effraya pas plus que ça. Son temps disparaissait ainsi de plus en plus souvent, s’encrant dans cette route éternelle qu’il suivait, cette route sans panneaux, sans carrefours ni même virages. L’homme en costard s’éloignait parmi les passants de cette heure. Le décor était beau, mais le chauffeur ne le savait pas, la lumière digne d’un film hollywoodien, mais l’homme ne s’en préoccupait pas. Un moment pourtant, il se sentit bien, arrêté ici. Les bruits de la ville étouffés par la carrosserie de son palais étaient comme coupés par la musique de la radio. L’univers silencieux dans le brouhaha de son espace. Les ombres progressaient sur les murs des bâtisses et les magasins fermaient leurs vitrines. Il ferma les yeux un instant, les paupières portées par la fatigue, et se coupa ainsi de l’illusion de l’écoulement du jour qui s’était pour lui arrêté depuis longtemps.

    « … va ? »

    La voix était nonchalante mais sans appelle, comme si la question posée, pourtant simple, avait une importance toute particulière. Rien n’aurait pu avertir le chauffeur de la montée d’un nouveau client, ce contre temps dans sa journée faisait entrer automatiquement l’individu dans la case « original ». De surprise, il se retourna, chose qu’il ne faisait habituellement jamais. S’il avait cru au départ à un homme, le résultat était tout différent, car si la femme était bien humaine son charisme la montait au niveau de ceux que l’on n’oublie pas. Non pas qu’elle était belle, et ses formes, bien dissimulées par ses amples vêtements, étaient plus que quelconques, c’était uniquement son aura qui lui donnait cet air si… particulier. Ses yeux noirs le transpercèrent de part en part, piquant son âme à vif et laissant une trace sanglante dans ses pensées : il se retourna prestement.

    « Bonjour et bienvenue, quelle est votre destination ? »

    Il ne s’était même pas posé la question de l’heure, de la fin de son service, non car il ne pouvait refuser cette course, il le sentait. La femme répondit, froidement, un fin mélange de sarcasme et de résignation.

    « Eh bien, commences par démarrer, ne t’en fais pas cette fois-ci, c’est moi qui te conduit. »

    Un anecdotique, le premier de la journée, il en suait à grosse gouttes tant celui-ci était surprenant et intriguant. La femme lui parlait de manière familière, à la manière de ceux que l’on connait depuis toujours et dont les phrases, même courtes, sont remplies de sens. Sans destination précise, il mit malgré tout le contact et le vrombissement rassurant du moteur, qu’il ne se rappelait pas avoir coupé, créa l’ambiance habituelle du taxi sur un fond de radio tout public. Le compteur de kilomètres se mit en route et avec lui une partie du salaire du chauffeur.

    « C’est un bon début, par contre je te préviens il va falloir se détendre, je déteste me presser. Et puis, il faut que tu profites un minimum de ta dernière course. Aller, vas. »

    Première vitesse et la voiture s’élança. L’homme s’efforça d’ignorer le fond de menace dans les paroles de son hôte. Un temps passa et la voiture les menait toujours plus loin en banlieue. Sans indications, le chauffeur se contentait d’aller tout droit, de ne pas sortir des sentiers battus, comme toujours.

    « Tu n’es pas très bavard pour un chauffeur, tu n’es pas encore refroidi pourtant. »

    Le feu était rouge, le taxi à l’arrêt, la rue : déserte. Les réverbères projetaient à présent leur ambiance jaunâtre sur le béton et seule une ligne rose à l’horizon attestait de la présence du soleil.

    « C’est que… Je ne connais que très peu de choses sur cet endroit. » S’il s’était voulu convainquant, son ton était hésitant et la femme ne manqua pas de le remarquer.

    « Dans ce cas, parles-moi de toi : que fais-tu dans la vie si ce n’est conduire des taxis ? »

    Que faisait-il ? Il regardait la télé, surfait quelques fois sur internet, quelques dînés avec des amis mais… ses passions avaient disparus depuis longtemps, il ne pratiquait aucun sport et n’avait que rarement de temps pour lui.

    « Pas grand-chose, les choses que tout le monde fait… Et vous ? »

    « Je suis la Mort. »

    Le feu passa au vert, et dans le silence qui suivit la déclaration, l’air du taxi sembla se refroidir, il alluma le chauffage.
    Une folle, était-ce bien cela ? Elle avait l’air si sûr d’elle, convaincue de sa folie ? Toutes ses allusions signifiaient-elles que… c’était son tour ?

    « Haha vous avez de l’humour, vous êtes Croque-mort ? Assureur ? »

    « Tu m’as très bien compris je crois, si je suis ici, c’est que tu vas mourir. »

    Il déglutit difficilement, contenant les tremblements qui agitaient soudainement sa jambe droite. C’était donc le soir de sa vie ? Mais cette journée n’avait-elle pas durée que quelques instants ? Il avait cette impression de ne rien avoir vécu.
    La peur fît tressaillir son cœur, comment allait-elle le tuer ? D’un coup de couteau dans le dos ? Une arme à feu ? La souffrance le terrorisait, la fin l’effrayait tandis qu’elle approchait. Elle gardait le silence, ménageant son effet et lui ne pensait plus qu’à son passé. Qu’allait-il abandonner ? Sa femme, dépressive sans qu’il ne parvienne à la ramener à la raison, dépendante aux antidépresseurs que son psychologue avait eu la bonne idée de lui donner. Sa fille, qui cherchait du boulot et depuis… elle enchainait les copains ratés et le dernier la battait. Son job ? Ah, il avait déjà bien assez parlé. Pourtant, il ne voulait pas mourir, il ne voulait pas provoquer tristesse et désarrois, laisser sa femme abandonnée et sa fille désemparée. Ses amis ? Ils l’oublieraient. Sans son salaire, sa famille vivra dans la misère, non, il ne pouvait pas mourir.

    « Sortez »

    Il avait garé la voiture, et sur un coup de tête, défiait le destin.

    « Sortez de mon taxi »

    Sur le visage de la femme s’affichait un mi- sourire et des yeux qui brillaient.

    « Vous ne pouvez changer ce qui adviendra » Lui répondit-elle sans bouger de son siège.

    La voiture roulait toujours, son pied accélérait et ne semblait pas s’être enlevé de la pédale à quelque moment. Quand il le leva encore, la voiture continua sans réactions, appuyer sur le frein n’y changeait apparemment rien. Il leva les mains du volant qui tournait seul, dirigeant la voiture vers une destination inconnue.

    Le chauffeur essuya les gouttes de sueurs qui perlaient à son front et jeta un coup d’œil au retro.

    « Tu sembles mal à l’aise… c’est dommage, il faut que tu profites. »

    Elle était apparue à ses côté, devenant plus qu’une simple passagère de son taxi, son visage était tout proche et elle sentait un doux parfum de fleurs, des fleurs de cimetière.

    « Je ne comprendrai jamais pourquoi les hommes sont effrayés à ce point par la Mort. Tu sais, tu es autant une curiosité pour moi que je ne le suis pour toi. Qui te dit qu’il n’y a rien après la mort ? Je ne suis pas une fin en soi, peut être juste une forme de commencement. Je ne te parle pas de religion, de réincarnation, de paradis ! En fait… je ne sais pas ce qu’il va advenir de toi. » Son ton était presque devenue compatissant. Son regard se perdit sur le tableau de bord et l’homme entrevit le poids des responsabilités qui pesait sur cette femme.

    « Tu n’as pas vraiment… peur de la mort. Tu as peur de ce que tu vas laisser ici. » Il ne savait trop comment réagir face à cette lassitude qui apparaissait soudain chez l’autre. Mais la voir plus humaine le rassurait, son travail était au moins aussi routinier que le sien. Quelques fines gouttes vinrent frapper le pare-brise laissant avec elles des trainées brillantes, des tracés comme aléatoires illuminés par les lampes de toute une ville. L’eau se frayait un chemin vers le sol, son origine. Les essuies glaces s’activèrent pour venir tout balayer. Elle reprit la parole, couverte par le ronflement nouveau de la pluie.

    « Que tu meurs maintenant ou plus tard, cela changera-t-il quelque chose ? Tu devras toujours abandonner ton petit univers, tout laisser en plan. » Elle sembla reprendre de l’assurance. « J’apprécie de parler avec mes clients, ça brise la routine. »

    « Mais… êtes-vous… humaine ? »

    Il n’osait toujours pas la tutoyer, ne sachant pas vraiment à quoi il avait affaire, la voiture roulait tout de seule ou bien son esprit lui jouait des tours ? Tout semblait s’accorder avec les paroles de sa passagère, la musique, le temps, la lumière, comme si l’espace se pliait dans le sens de ses émotions. Elle le regarda dans les yeux et répondit en articulant telle une actrice travaillant son jeu.

    « Es-tu Dieu ? »

    Dans ses yeux, des images apparurent, des reflets, déformés. Il y vit la violence, la guerre, une horloge venait ponctuer toutes les images de mort et de destruction perpétuées par l’homme et sa folie. La vision s’arrêta aussi soudainement qu’elle avait commencé pour ne laisse place qu’au vide du taxi. La pluie s’était arrêtée. La ville disparaissait dans le rétroviseur, laissant la place à la campagne environnante. La route était petite et mal entretenue et les phares peinaient à donner une vision correct de l’avenir de leur course. Le silence régnait et ni le moteur ni la radio ne pouvait le combler, le chauffeur savait qu’il pouvait encore lutter pour sa survie, la mort était faible et empreinte de doutes. Elle avait perdu foi en l’humanité. Tout comme lui ? Peut-être, peut-être pas. Voir tant d’atrocités perpétuées par l’homme ne l’avait pas plus choqué que cela : tout le monde savait. La société s’enfonçait dans un linceul de tristesse, isolant chaque individu dans un cocon de solitude. Mais il repensa à ces rencontres, il se remémora ces personnes qui vivaient encore dans un monde de mort-vivants. Il faut vivre et non survivre, voilà ce qu’elles lui avaient appris, voilà ce qu’il n’avait jamais appliqué.
    La voiture stoppa.

    « C’est ici. »

    « Ici que… »

    « C’est ici que tu vas mourir. »

    La route était bordée d’une sombre forêt, qui devait être verdoyante une fois le soleil levé. Des rayons vinrent d’ailleurs frapper la lisière du monde, enrobant de leur douce chaleur de vie ce versant de la planète. Les couleurs revinrent et les phares ne firent qu’une pâle concurrence à l’astre du jour. Et alors que les animaux nocturnes se terraient, les oiseaux chantaient la nouvelle aube qui s’annonçait.

    « Ton temps est révolue ou du moins… » Elle sortit un petit sablier de sa poche « Il te reste deux petites minutes. »

    « Co…Comment vais-je mourir ? » Ainsi n’était-il pas parvenu à échapper à son destin ?

    « Un banal accident. »

    Les graines du sablier tombaient sans interruption et l’homme déjà, se sentait dépérir. Dans le regard de la Mort, seule la lassitude transparaissait, aucune compassion, aucunes échappatoires. Saisit d’une impulsion de révolte, il se saisit du sablier. La surprise s’afficha cette fois sur le visage de la passagère :

    « Que fais-tu ? » Elle l’avait presque crié.

    « Je te reprends le volant ».

    « Vous ne pouvez… attendez ! » Il était sorti, la portière déjà claquée. Le soleil le frappa au visage alors que la Mort essayait tant bien que mal de le suivre : il retourna le sablier. Pris d’une sorte de frénésie, le chauffeur marchait sur la route déserte, les petits pas de sa passagère résonnaient derrière lui.

    « Arrêtez-vous ! » Sans appelles, la voix de la femme sonna haut. Le sablier tomba et se fracassa contre le goudron. Le sable blanc s’éparpilla sur la route avant de partir en volutes au gré du vent matinale. Il s’était arrêté.

    La protection de cuir du volant glissait sous ses doigts fatigués d’une journée bien remplie. La lumière de ses phares vint s’ajouter aux vives lumières de la ville, essayant tant bien que mal de palier à celles paresseuses du soleil couchant. Sa dernière course du jour : ce petit trajet où il pouvait rentrer chez lui. Une demi-heure de trajet en province, voilà la distance qu’il avait à parcourir. La route était petite et mal entretenue, la voiture cabossait mais il avait l’habitude. La radio vomissait un flot intarissable de musiques qui se ressemblaient toutes, il les connaissait, il avait même appris à les apprécier.

    C’était sa petite route habituelle et il roulait vite, un petit sablier qu’il utilisait pour ses temps de pauses était posé au-dessus de la boîte à gant. Il contempla un instant son écoulement qui arrivait à son terme : il ne se souvenait pas l’avoir retourné. En vue de son village, il releva les yeux. Devant lui, sur la route, une femme traversait. Elle avait le teint pâle et n’était pas particulièrement jolie, un simple réverbère l’éclairait alors que la voiture s’approchait à toute allure.
    Un instant il regretta, de rouler aussi vite, de ne pas pouvoir s’arrêter, un moment il songea à son temps, à ce qu’il en avait fait. Les pneus crissèrent sous l’effet des freins.

    « Tu as le choix »

    Il aurait dû agir avant, changer son petit monde, s’ouvrir aux autres. Emmener sa femme au loin et peut être, changer de boulot ? Il avait le choix.

    Il donna un coup de volant et le taxi dévia brusquement de sa trajectoire pour aller se fracasser dans les arbres.

    Il avait eu le choix, maintenant il ne l’avait plus.

    #2905
    Ruizard
    Participant

    Suite à vos nombreux encouragements, vos réactions toujours plus nombreuses! Je me suis décidé à posté un nouveau texte, une nouvelle, ou une réflexion toujours dans le très positif héhéhé 🙂
    Bonne lecture!

    Toù Can

    Un ciel bleu, un nuage blanc, une souris part en courant parmi les décombres. Poussière qui s’élève, ombres peu engageantes sur le chemin de l’infortune. Mes pas étaient les derniers humains à fouler ce sol bétonné, pourtant mainte fois fréquenté. Je venais de la retrouver, cette ancienne capitale qui s’étendait sur des lieux. A moi revenaient les souvenirs, à moi revenaient les revenants.

    J’engageais mes pas dans ce que l’on appelait la banlieue, terre des injustices, des inégalités. Les bâtiments, pour la plupart encore intacts, étaient pourtant abandonné de toute vie sauf végétale. Les plantes envahissaient la ville fantôme et la nature reprenait ses droits. Mais pourquoi étais-je l’un des rares hommes survivant ? Vous comme moi avez vu à travers films et livres maintes scenarios apocalyptiques. Des zombies ? Une guerre atomique ? Ou encore… des extraterrestres ? Non, rien de tout cela. Je ne peux même pas me considéré comme un survivant… plutôt, un homme ? Un de ceux qui n’a pas sombré dans la folie ? Ou peut-être que je suis plus fou que ceux qui ne sont plus…Attendez je vous perds.

    Ecoutez, que voyez-vous en ce texte ? Une idée ? Un passe-temps ? Une vision d’avenir ? Non, peux importer ce que vous voyez, réfléchissez au sens profond qu’il peut avoir sur vous, ce que les erreurs des autres peuvent vous apprendre.

    Je vais donc commencer par les raison de cette « fin du monde » que j’appellerai plutôt « Recommencement » par soucis de sens encore une fois. Car ce n’est pas le monde qui finis, mais bel et bien nous tel que nous étions. Ne voyez pas en l’autre un danger, « connais-toi toi-même » depuis des millénaires l’homme sais d’où vient la menace mais il l’ignore. Fermez les yeux pour voir, méditez pour agir vous être le pire danger pour les autres.

    C’est bon ? Tu t’es identifié ? Tu le sais, je le sais, nous en sommes donc au même stade. Maintenant écoutes moi, comme tu le fais depuis le début, sans doute sans comprendre où je veux en venir, mais ne t’en fais pas j’y arrive. Le Recommencement a débuté là où l’homme a progressivement transformé ses droits en devoirs, ses choix en obligations, là où l’art même n’était plus que technique, que la liberté d’expression ne servait plus qu’à donner l’impression que l’on pouvait encore parler. Nous sommes aujourd’hui, nous sommes demain, nous sommes hier n’est-ce pas ? Sans mémoire nous ne sommes qu’éphémères et sans l’apprentissage nous ne sommes que bêtes. A cette époque donc, que je ne vous souhaite pas connaitre, un grand physicien à fait une découverte des plus sensationnelles. Alexandre Deldi était son nom. Ce physicien était l’un des derniers à ne pas dépendre d’un quelconque laboratoire, il avait déjà reçu un prix Nobel grâce à son invention d’un télescope ultra précis qui avait permis la découverte d’une planète vivable et certainement habité, à une distance importante de la Terre, certes. Mais son nom était déjà connu du grand public alors.

    Sa seconde découverte fût la plus importante, après avoir observé l’infinité de l’espace, il a projeté d’observer son antonyme : l’infiniment petit. Une machine capable d’observer un électron, observez la surface du noyau d’un atome, rendez-vous compte ! La vérité circula à la télé, sur le net, à la radio, tous les moyens de communications que l’homme avait inventées furent exploités pour transmettre cette nouvelle fantastique. Mais quelle nouvelle ? Uniquement que nous pouvions observer les atomes ? Ça n’aurait pas estomaqué la majorité de la population…
    J’avais encore l’image dans la poche, celle qui circulait alors en milliards d’exemplaires. Une vieille photo aux bords cornés mais que j’avais conservé en souvenir. Sur celle-ci une échelle exprimée en nanomètres quelque chose comme… 0.000000000… peu importe vous avez compris, une échelle atomique. Sur l’image, le soleil est resplendissant, une magnifique lueur qui illumine… une petite planète.

    « Mesdames et messieurs, je vous présente l’atome d’hydrogène observé depuis le microscope du professeur Deldi ! »

    Imagines-tu la consternation ? Nous venions de découvrir que chaque dimension s’emboîtait dans une autre. Nous étions l’atome d’une molécule, d’un objet ou d’un être vivant, voire d’un gaz. Celui-ci appartenant à un autre atome qui lui-même… Lors de cette révélation, chaque être humain a écouté ses battements de cœur comme jamais, en chacun de nous, une galaxie, un univers. Nous n’étions pas seul en nous, nous étions milliards.
    Je marche… mes pas me mènent dans les tréfonds de la fin et de la folie. Les bâtiments défilent comme les idées toujours cherchées, toujours et encore, avancer vers l’inconnu. Travailler, le travail = la nature de l’homme ? Sans travail nous ne pouvons pas vivre ? Argent = bonheur ? Ou… il influence de bonheur ?

    N’oubliez pas surtout, reposez-vous sur ces questions et continuez à marcher avec moi. Viens, je conte. Le vent souffle contre ta peau, une galaxie en contourne une autre. Une tout autre échelle de temps, mais qui peut soupçonner de la vie qui s’y cache ? Y a-t-il d’autres humains dans mon univers ? Pensez donc à cette découverte. Qu’aurais tu pensé lors de sa confirmation scientifique ? Il y eu des suicides, les personnes les plus faibles, ou peut être les plus censés. Plus les débats scientifiques avançaient, plus les gens comprenaient ce qui réellement les habitait, et plus les réactions étaient perceptibles. Différents groupes d’idées apparurent.

    Il y avait les humanistes ; ceux-là ouvrirent de nombreux « tombeaux de vie », ils s’y faisaient cryogéniser afin de conserver la vie qu’habitait leur corps, car que valait leur misérable vie face à tant d’autres ? Certains des leurs participèrent à la folie générale en forçant de nombreuses personnes à la cryogénie au nom des devoirs de l’homme pour le maintien de la vie. Il y eu cette sage-femme à Washington… Qui enfermait les bébés récemment nés dans une chambre de congélation.

    Un autre groupe : les MHT ; Maladie Humainement Transmissible. Un groupe extrémiste et peu nombreux. Ils prônaient que l’homme était le virus, voir la maladie mentale selon certains, de dieu, l’être vivant suprême. De leur fait, de nombreux attentats et guerres civiles qui provoquèrent des millions de morts.

    Et puis… de nombreux autres, mais que pensaient ceux dont les pensées restaient ouvertes ? La technologie fût la première remise en question : le nucléaire de fission et de fusion détruisent des milliards d’atome… de système solaire ? Et toutes les transformations opérées sur la matière ? On ne put jamais tout étudier, et tandis que le monde sombrait dans la folie, on hésitait à innover, à progresser. Cette découverte fût également un grand choc pour la religion qui dût revoir ses classiques pour contrecarrer l’hérétique et impie physicien qui n’était devenu rien d’autre que la voix du mal. Toutes les religions sans exceptions perdirent malgré tout un nombre important d’adhérent qui se tournèrent vers des groupes moins abstraits mais dont les discours grandiloquents dissimulaient de sombres projets.

    Plusieurs fois, on essaya d’attenter à la vie de Deldi. Lui ne voyait en sa découverte qu’une manière d’avancer, de comprendre les prédicats et autres lois fondamentales tel la gravité. A cette même époque, plusieurs groupes de partis extrémistes avaient pris le pouvoir en occident, les gens avaient finis par oublier la folie des anciennes guerres pour leurs besoins personnels. Nous n’avions plus confiance en les socialistes, ni en les capitalistes. Les catastrophes naturelles semblaient s’acharner sur le monde et ruinaient l’homme de son bien matériel mais aussi de nombreuses vies, que l’on se contentait d’ignorer.

    Les immigrés affluaient, étaient rejetés, revenaient. Le monde était fou et tournait en rond, mais plus seulement autour du Soleil, c’était ses habitants qui tournaient en rond comme jamais. Avec les catastrophes naturelles, les catastrophes écologiques, des pays qui veulent suivre l’occident de l’époque industriel ; ils ne se sont pas privé à l’époque, pourquoi se privé, nous ? Puis le chaos.

    Clap, Clap, mes pas claquent sur le sol pavé. Monuments aux morts, musés, tous délabrés, oubliés, comme l’histoire et les leçons qu’ils contenaient. Ils étaient passés de monuments aux souvenirs à de simple objet de décoration, où ce qui attirait les visiteurs était la beauté du lieu et l’intérêt de se « cultiver ».

    Une explosion de couleurs tandis que les bombes chimiques recouvraient la planète d’une nouvelle couche de stupidité. Peu de choses furent épargné, les fourmis, les rats, les murs anciens, toujours debout même devant l’absurde et les mauvaises herbes, aussi. Et bien sûr, les hommes, résistants à leurs destructions malgré leurs responsabilités.

    Je réajuste mon masque à gaz, ultime protection devant le poison. Mes cheveux sont depuis longtemps tombés et ma peau est devenue grise de ne plus être nourrit par le soleil, caché derrière un amas permanent de nuages toxiques. Un immense bâtiment se présente à moi, de ma main gantée je sors une ancienne clef de ma poche et ouvre la grande porte que mène au hall. Une à une, je grimpe les marches avant d’arriver à une porte blindée. Je tape le code et pénètre dans ce qui fut mon laboratoire : le laboratoire Deldi.

    Suis-je fautif de tout cela ? A qui la responsabilité peut-elle incombé ? L’Homme ? Je ne sais pas, et je m’en fous, c’est trop tard. Ecoutez-moi bien, ou plutôt lisez, ceci est mon dernier vestige, ma seule recherche qui n’a pas abouti. Car malgré toutes les recherches, nous resterons toujours notre plus grand mystère.

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